Salaire des patrons: halte aux idées reçues

Par Valérie Lion.

Après avoir plafonné les rémunérations des dirigeants des grandes entreprises publiques, le gouvernement voudrait mieux encadrer celles des PDG du privé. Mais gare aux chausse-trapes dans ce dossier sensible ! La réalité se révèle plus complexe que les scandales en série.

Une votation en Suisse, une motion de censure en France, et voilà le gouvernement Ayrault reparti en croisade pour la moralisation de l'économie. La rémunération des dirigeants des grandes entreprises privées pourrait faire l'objet d'un projet de loi d'ici à l'été. L'annonce, la semaine dernière, a cueilli à froid les milieux patronaux... et Bercy, plutôt partisan de temporiser sur un dossier si délicat. L'Association française des entreprises privées (Afep) et le Medef croyaient bénéficier d'un répit jusqu'à l'automne, voire la fin de l'année. 

L'offensive, cette fois-ci, est partie de Berne. La prime de départ équivalente à près de 60 millions d'euros promise au patron du groupe pharmaceutique suisse Novartis, après dix-sept ans de maison, a choqué l'opinion dans son propre pays et au-delà. De Bruxelles à Berlin, en passant par Paris, elle a conforté les pourfendeurs des salaires indécents dans leur volonté de mettre fin aux abus. A tel point que le président de Volkswagen, gratifié de 17,5 millions d'euros en 2011, décidait de lui-même de plafonner son salaire pour 2012 à 14 millions, quand il aurait pu en percevoir 20 !

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La comparaison avec les Etats-Unis leur est encore plus défavorable. En 2011, les rémunérations globales des dirigeants de l'indice Dow Jones étaient 2,4 fois plus élevées que celles du CAC 40, a calculé le cabinet Ethics & Boards. Ce sont surtout les éléments exceptionnels qui font la différence outre-Atlantique. Ainsi, à sa nomination à la tête d'Apple, en 2011, Tim Cook avait reçu une prime de bienvenue de 376 millions de dollars, venue s'ajouter à son salaire annuel de 2 millions. Quant au Français Hubert Joly, débauché l'été 2012 du groupe hôtelier Carlson pour redresser le distributeur Best Buy, il a été accueilli avec un "golden hello" de 20 millions de dollars, ainsi qu'une promesse de bonus de 8,75 millions...

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Article complet sur : L'Expansion
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